Made in love
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C'est fini.
Avant de jeter ce journal à la poubelle, je tiens à rédiger ce message d'au revoir. Oh, il n'a pas tenu longtemps... A peine entamé, déjà jeté. C'est comme ces joujous qu'on désirait ardemment posséder, et qu'une fois en notre possession, mis de côté... Idem pour ce blog.
Au revoir et non adieu, parce que, peut-être, un jour, voudrais-je réavoir ce joujou, et alors, on me reverra, non plus ici, car je déserte les lieux, mais dans un autre blog...
Pourquoi ferme-je ce journal ? Mille et une raisons, et aucune envie de les énumérer... De jeter sur le papier l'encre de mes pensées, comme j'ai jeté un bout de ma vie sur support. Maigre vie. A quatorze ans, on peut avoir une vie construite et remplie. La mienne se résume en quelques lieux : Mon appartement que je partage avec mes parents, mon collège, quelques rues parcourues juste pour l'envie de marcher, et les bibliothèques où je respire cette bonne odeur d'encre et de papier qui caractérise les livres.
On m'a dit qu'il fallait anticiper ce qu'on faisait. Anticiper pour l'avenir. Ceux qui ont dit ça avaient raison. Mais je ne partage pas leur avis. Pourquoi ne devrait-on pas faire les choses juste motivé par l'envie ? Et savourer ensuite le plaisir que l'on a tiré de ces choses ? La vie est bien plus plaisante ainsi, moins pesante aussi...
J'ai été motivé par l'envie de faire ce blog. L'envie est passée. Maintenant, je le ferme.
Au revoir.
Même si entre ados et adultes, je comprends mieux le parti adulte et que j'en ai ma claque de ma génération à moi et tout qui y implique avec, j'ai eu envie de me mettre à la place de ce groupe en révolte de jeunes qui ne s'intéressent qu'à leur petite vie personnelle - tout comme moi d'ailleurs.
Les rimes sont mauvaises, les vers irréguliers, et mon talent de poète, médiocre, mais ce que je me suis amusée aux environs de minuit à taper toutes ces phrases!
Message pour adultes
Nous, nous ne sommes plus des enfants
Nous nous surnommons adolescents
Les études, et tout ça, on trouve ça barbant
Ce rôle de futur adulte, c’est beaucoup trop pesant
Alors nous préférons rester insouciants.
Et nous courrons, et basta ces traditions
Et vous nous dîtes : « faites attention »
Et nous vous répondons : « vous êtes cons !»
Pour l’Histoire, c’est bon, on s’ra pas des moutons :
Au monde entier, on hurle déjà révolution.
Nous ne sommes pas des rebelles :
On profite juste de ces années si belles,
Entre mecs et meufs, on sort avec tel ou telle
De ces choses là, on en a à la pelle :
Côté amourettes, on répond toujours à l’appel.
Si de nos bouches, vomissent des insanités
C’est parce que sinon, on ne serait jamais écouté
Déjà que l’on ne représente qu’une minorité
De cette société remplie de saletés
Où l’on n’a même pas droit à la complète liberté.
En plus, vous nous mettez tous dans le même bloc
Comme si nous étions vraiment toc-toc
Nous avons tout de même le droit d’aimer le hard rock
Et c’est pas d’not’ faute si ça vous fait un choc
N’oubliez pas que nous n’sommes pas d’vot’ époque.
Comme vous autrefois, on fait des conneries
Et souvent, amers, on en paye le prix
Mais si le résultat n’était pas, de nos pères, les cris
Pour avoir de sitôt quitté notre nid,
Peut-être que, tout cela, on l’aurait mieux compris.
A toutes les générations, il y a des cinglés,
Mais dans la nôtre, ce ne sont presque que des névrosés
Qui s’échappent sur le Web ou deviennent drogués
Qui se laissent, dans de « drôles » histoires, embarqués
Qui, en bref, ne partent pas du bon pied.
Et pour ces jeunes garces qui sans arrêt sourient
C’est de la faute à leurs mères qui leur ont offert Barbie
Car maintenant, elles traînent dans d’autres lits
Mais peut-être est-ce seulement de jeunes brebis
Dont les modèles de Loft Story ont été suivi.
Telle n’est pas la question : être ou ne pas être,
Mais plutôt comment être pour ne pas disparaître
Lorsque la télé et les stars ne nous montrent que le paraître ;
Car tous n’ont pas la veine d’être dicté à la lettre,
Et de se construire, à l’aide de soutien, l’Être…
D’années en années, on accumule notre sac
D’expériences et de sentiments jusqu’à ce qu’il craque
Et parfois la vie est si dure, que certains la plaquent
Et parfois le monde est si nul, que les nerfs claquent
Et on se sent prisonnier de cette perpétuelle traque…
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Comparé à tant d'autres poèmes, c'est si nul. Mais j'm'en fiche complètement. J'ai aimé écrire ça, j'en suis fière, et fierté ridicule, je ressens l'envie d'exhiber ce poème aux yeux de tous, élèves et profs. J'avais même songé à laisser une feuille de ce poème en signant anonyme sur le bureau de mon professeur de français...
En réalité, c'est la réaction des adultes que j'ai envie de voir. Surprise ? Indignation ? Haussement d'épaules ? Je verrais bien ici...
En tout cas, sachez que je ne me suis jamais prétendue grande poétesse. Si je n'ai pas usé de grands mots, d'un vocabulaire pompeux et recherché, et que mon ton est familier, c'est tout simplement parce que j'ai essayé de parler comme les jeunes de mon âge causeraient. Et puis, même en désaccord avec ma génération, j'ai eu une envie folle d'être solidaire avec eux, éprouvant une bouffée de révolte contre ces adultes...
Finalement, on peut pas appeler ça poème, mais rap. (j'aime pas le rap)
Mais qu'est-ce que cela ? Que vois-je ? Comment ai-je pu ? Dans ce blog, je viens de me rendre compte qu'il y a de la publicité ! La traduction de mon coeur et de mon esprit par des mots cohabite avec... de la publicité ! Cela m'indigne, mais il en est hors de question que je me mette à payer pour la retirer ! Ce n'est pas de l'avarice, ça s'appelle la certitude de devoir expliquer à son père qu'il suffirait de taper http://intouchable.joueb.com pour qu'il connaisse enfin le flot tumultueux de pensées, sentiments, et de réflexions de sa fille, afin de pouvoir retirer cette publicité ( encore que ce n'est même pas sûre qu'il accepte). Non, je dis non !
Après tout, ce n'est pas trop grave... Ce n'est que de la publicité pour joueb.com, et non pas pour d'autres sites tels qu'un de casino ou autre...Tout de même, ce me dérange...
Je ne parviens plus à écrire ici... Je veux exprimer tout ce que je ressens, mais lorsque je me mets devant Lord (abréviation de l'ordinateur), je n'en éprouve plus l'envie. En revanche, j'ai repris mon journal intime de la "vraie" vie, et il n'y a plus de problème d'écriture. Je me sens davantage soulagée, sachant que je garde tous ces petits morceaux de vie pour moi et que nul n'ira les toucher des yeux. Pourtant, ce me plairait bien que comme ici, je reçoive une petite réponse, comme un clin d'oeil, comme ce que je reçois à cet endroit là. Quelle contradiction !
Vendredi, la journée m'était très belle ! Rien de particulier à l'école, toujours l'ennui générale, ma recherche de l'isolation que je pouvais pas expliquer à Delphine et à Aurélie, les conversations sans saveur et la terneur du quotidien... Le ciel était magnifique comme tous les jours précédents. Il me parait toujours d'une magnificence égale mais elle n'est jamais la même chaque jour. Je ne me lasserais donc jamais de le contempler.
Mais ce n'est pas lui qui m'a rendu de bonne humeur, mais une lettre ! J'ai reçu une lettre de ma meilleure amie alors qu'on ne s'était pas écrit depuis cinq mois ! Elle était si mignonne, la lettre, si attendrissante. Ce m'a fait du bien de la lire, c'était comme si une fenêtre dans ma tête s'était ouverte, aiérant la pièce dans laquelle j'étais enfermée...Enfermée dans sa propre tête...
Je suis en train de lui répondre ! Déjà cinq pages recto-verso. Je lui déballe tout d'un bloc, tout un flot de paroles qui étanchera sa soif si elle a aussi soif que moi, qui nous reliera malgré la distance. Les mois de distance n'ont plus qu'à être oublié ! Et notre amitié renoué.
J'aime beaucoup les lettres.
Il y a les courtes et les cartes postales, que je mets dans la même catégorie, qui permettent de donner rapidement de ses nouvelles sans trop se fatiguer le poignet, de montrer le lieu où l'on passe ses vacances au point d'en faire mourir d'envie le destinataire, et de se faciliter la tâche sans perdre trop de temps.
Il y a aussi les longues. Ce sont elles que je préfère. Elles sont toujours remplies de toutes sortes de choses : si intéressantes elles sont, on les lit passionnément ; si monotones elles sont, on peut sauter des lignes ; si mystérieuses elles sont, on cherche à lire entre les lignes. Dans un long contenu, il y a parfois pleins de choses mélangées ! Ce qui me touche dans les longues lettres, c'est de savoir que l'énonciateur s'est donné du mal à rédiger la lettre même si elle fait brouillon et est obstruée de pleins de ratures (ce qui le cas pour toutes les miennes), et qu'il s'est accordée une partie de son temps pour elle, pour le destinataire...
Et dans une longue lettre, quand c'est le premier exemplaire et non tiré d'un premier exemplaire, on peut analyser l'écriture, ce qui est intéressant. Les différences d'écriture sont pour moi, comme le timbre d'une voix, si l'énonciateur parle de quelque chose qui le chagrine, les lettres peuvent être mal formées ou différemment formées ou tremblotantes comme si sa voix tremblait elle-même, si l'énonciateur parle de quelque chose qui l'excite, des boucles et des rondes peuvent être oubliées comme s'il se hâtait à toute vitesse, alors la voix de la lettre parait à mes oreilles excitée.
C'est pour ça que j'aime les brouillons, et que les lettres écrites d'après eux (ça se sent) propres, impeccables, agréables à la lecture, sans aucune rature, me découragent tant. Je n'aime pas répondre à ces lettres, car leur propriétaire ne comprendrait que de la paresse là où je voudrais qu'il y ait de l'analyse et de la compréhension par mon gribouillage de mots et mes ratures répétées. Mon moi se décrit plus dans mes lettres par les petits dessins, les lettres malhabiles, grésillantes, vacillantes, tremblotantes et nerveuses, les phrases mal tournées, les ratures grossières, les murs de blanco, les rares fautes d'orthographe, les mots oubliés, et le sens de toutes ces petits riens, que dans la réalité "commune" avec le comportement que j'aie, et je sais que ceux-là ne le verront jamais ou ne le comprendront pas.
C'est pour ça que je mets tant de temps à répondre ou que souvent, je ne réponds pas...
Jusqu'où l'amitié peut-elle aller pour la définir encore comme "amitié" ? Si l'une des deux personnes fait du mal à l'autre, et que l'autre pardonne toujours, est-ce que la "méchante" ne mérite-t-elle pas l'amitié de l'autre ?
Jusqu'à quand pourrais-je encore fermer ainsi les yeux et me comporter en lâche ? Mon pardon est-il donc si extensible ?
T. a dormi chez moi hier soir, comme tous les mardi soirs, d'un commun accord tacite de nos mères. Elle avait l'air si gentille à délirer avec moi, à partager ses secrets lorsque je lui révélais certains des miens, et à me complimenter en me disant "tu es la fille la plus merveilleuse que je n'ai jamais connu". Moi, je savais que c'était faux et qu'elle me confondait avec ce que je vivais chaque jour en rêve éveillé : le merveilleux de mon monde. Mais ça me faisait tant plaisir qu'on pût m'apprécier encore et me croire plus belle que ce que je suis... La gêne y venait autant que ce doux plaisir...
Cependant, malgré ses sourires joyeux et sa joie contagieuse de vivre, je la soupçonnais de vol... Je n'avais pas de preuve, juste quelques doutes qui avaient attisé ma méfiance. D'abord des sticks tout neufs disparus dont je soupçonnais principalement le désordre ambiant et gigantesque de ma chambre. Ensuite, de fabuleuses boucles d'oreille en or blanc, dont le motif représentait un minuscule coquillage troué d'un diamant, venant du Vietnam, et offert par ma mère, envolées de ma petite boite...
Et voilà que je les ai vus, hier soir, aux oreilles de cette fille qui se prétendait être mon amie ! Je ne me suis pas fâchée, loin de là... Parce que ça fait rire les gens quand je m'énerve, quand je pousse des cris et deviens rouge et que je ne voulais pas qu'elle se moque également de moi, je suis passée d'un autre état, un état inconnu de moi jusqu'à lors. C'était d'abord de l'hébétement, puis une rage froide, glacée, qui m'a fait serré les poings sous la table, si loin de mon habituel déversement de courroux tel la lave d'un volcan bouillonnant.
Je voulais presque la tuer et m'emparer à mon tour de MES boucle-d'oreille... Je ne l'ai pourtant pas fait... Attendre, il me fallait attendre... Alors, je l'ai interrogé, grand sourire hipocrite aux lèvres, à propos de ces si belles boucle-d'oreille qui lui allaient si biens ! Et elle m'a répondu que ses grand-parents les lui avait offertes à Noël et qu'elles venaient du Vietnam et qu'elles étaient faites d'un or blanc...
J'ai alors douté... Peut-être suis-je trop paranoïaque ? Mais plus tard dans la soirée, j'ai eu l'occasion de vérifier en fixant attentivement ces bijoux que c'était bien les miennes...
Si T. est une fille très aimée du collège, c'est parce qu'elle charme les gens par sa joie de vivre et ses grands sourires... Faut-il donc sourire béatement pour être vraiment aimé ? Je ne le sais guère, mais je sais que j'ai été lâche d'avoir fermé les yeux, d'avoir enfoui cette colère froide en moi, et d'être revenue vers elle, tout sourire aux lèvres, riant à ses blagues stupides, et m'attachant comme toujours à sa personne...
Que devais-je faire ? Lancer foudre et éclair alors que ça n'allait rien changer du tout ? Maman est trop gentille et quand elle fait une promesse à quelqu'un, elle la tient, même si cette personne profite de trop de cette promesse... Allons donc, ce n'aurait rien changé du tout... Juste des rapports froids en plus...
Aurais-je dû me fermer à elle à ce moment là, quand après la remise de cette noire colère, elle m'a dit, d'un air si touchant : " Tu es vraiment ma seule amie... La plus réelle" ? Je me suis demandée si j'étais son amie parce que je lui pardonnais toujours tout et parce qu'on pouvait me faire autant de mal qu'on le voulait sans que je ne me défende...
D'autant plus que je ne suis pas tout à faire sûre que ce soit bien MES boucle-d'oreille... Peut-être existe-t-il deux mêmes paires au Vietnam...
D'autant plus que j'étais si lasse et si attristée qu'on eût pu me faire un coup pareil et que je me sois comportée de la sorte comme si je ne m'étais aperçue de rien, que je ne voulais pas gâcher davantage la soirée...
Je m'étais promi de ne pas raconter cette scène dans ce blog. Ce me fait tant mal et c'est presque aussi intime que mes rêves éveillés... Mais je voulais la confier et l'immortaliser à l'écrit...
Je ne crois pas que je la raconterai à Delphine ou à Aurélie... Elles seraient indignées et choquées par ce comportement, et ne comprendraient en rien ma souffrance. Souffrance et déception. Frustration intérieure dévorante. Lourde lassitude...
Je n'aurais jamais les mots pour leur communiquer tout ceci... Elles ne comprendraient pas...
Et même si elles comprenaient, j'aurais trop honte de ma lâcheté...
D'abord, c'était ma ferme résolution de ne rien dire. Puis, son abandon entraîné par toute une suite d'évènements et de petites choses d'une journée qui restent jusqu'à la soirée avant le profond oubli du sommeil...
De petites choses d'un jour tel que le timbre d'une voix réveillant d'anciens sentiments terrés. C'est étrange de s'apercevoir que ces riens peuvent entrainer une autre série de conséquences... Je me sentais euphorique à la vue du propriétaire de cette fameuse voix quand une pointe de jalousie m'a piqué le coeur lorsqu'elle s'adressait aussi à d'autres gens. Mais ce n'était rien... La voix chaude et grave était toujours là...
J'espère qu'Il n'aura jamais de mal de gorge... J'aime cette voix parce qu'elle se manifeste peu... Son maitre est un grand silencieux...
Dans ma dernière page de blog, j'avais dit que le premier jour avait finalement bien commencé. Ce n'est pas le même cas pour le dernier jour qui, bien que rapide, me parait démotivant. Totalement...
Comme les adultes qui se préoccupent de leur travail, et les futurs adultes de leurs préparations, moi, je me soucie de mes contrôles et de ce fichu brevet à passer. Oui, on me dit que c'est très facile, trop facile, que j'y parviendrais si eux, ils ont réussi. Oui oui oui, mais non. En français, pas de problème, la rédaction me sauvera, comme toujours ! Pour les maths, il va juste falloir que je révise un peu le tout... Je n'ai pas les capacités naturelles pour cette matière de pleine logique. Alors que pour l'histoire, la géographie et l'éducation civique, j'ignore tout bonnement comment je ferai pour m'en sortir... Mes réponses ne sont suffisamment pas dévellopées, mes paragraphes argumentés incomplets et partiels, et ma médiocrité en matière de lire entre les lignes dans les documents est si grande ! Comment vais-je faire ? Depuis le début de l'année, malgré tous les conseils du professeur que j'essaie tant bien que mal de suivre, je ne progresse pas, je ne régresse pas, je stagne ! Mes notes sont toujours de 13 et de 12... C'est affolant ! En plus, cette semaine, je n'ai plus une seule note au-dessus de 15.
Côté social, je me sens de plus en plus nulle et inintéressante... Comme me l'a si bien dit Gian, je ne parle que de ma vie, de sujets bizarres, de délires, et d'expressions saugrenues. Tous veulent que je me taise, parce que je parle trop de trop, parce que je parle pour ne rien dire, parce que je parle de tout et de rien.
S'ils veulent que je me taise, et si c'est seulement de cette façon (en parlant peu et de façon intelligente) que je serai enfin écouté, à partir de ce jour, je choisie de ne plus rien leur faire partager du tout, même pas à Delphine et à Aurélie. N'était-ce pas elles qui discutaient continuellement entre elles sans prendre garde à mes commentaires ?
Zut, je continuerais un autre jour de m'exprimer ainsi. Papa réclame l'ordinateur alors que je ne l'ai eu qu'une seule heure, alors que pour une fois malgré tous mes devoirs, je m'accordais un peu de temps sur internet sur ce blog, alors que j'étais en train de me rendre légère, sans soucis, en les confiant ici. Bon, je m'en vais...
Si à l'école, on ne m'écoute plus et qu'à la maison, on ne m'avait jamais écouté, on m'a toujours comme au bahut conseiller de me taire au lieu de m'exprimer, je ne dirais plus rien du tout, voilà, un point c'est tout...
Je deviendrais écrivain, comme je l'ai toujours rêvé depuis que j'ia huit ans, et je dirais tout ce que j'ai à dire et qu'on n'a jamais voulu que je dise parce que je parle trop. Point !
La rentrée ne fut pas aussi terrible que je le présageais. Bon nombre de mes camarades n'ont fini ni le stage, ni Germinal, ce qui signifie que je suis en avance par rapport à eux. C'est une maigre consolation.
Je m'entache toujours de mes deux meilleures amies du collège : Aurélie qui est une fille studieuse, extrêmement intelligente, d'une grande dévotion, et partage gentiment mes délires (Quand même, ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir une amie chantant avec soi :
" Moi :Canal satellite, à Noweeeeel..."
" Aurélie : Pa dam Pom pom ! (le bruit de fond de la musique)"
" M : C'est un cadeau exceptionneeeeel"
"A : Pa dam Pom pom !"
"M : Deux cents soixante chaines et services démentieeeeeels"
"A : Pa dam Pom pom ! "
"Ensemble, les bras dessus dessous : le meilleur du numériiiiiique !" )
Aurélie est tellement parfaite qu'elle m'énerve. Paradoxalement, je l'adore totalement !
Et l'autre, Delphine, fille ayant un penchant étrange pour tous les personnages de fiction silencieux, réservés, étranges, et à l'apparence dangereuse. Il faut dire qu'elle s'identifie beaucoup à eux, ayant elle-même ce caractère de silencieuse et de réservée. Elle est très gentille, aussi perdue que moi dans l'échainement des situations (Aurélie est notre guide ! Aurélie connait la salle où on doit se rendre au collège ! Aurélie écoute les professeurs ! Nous, on dort !), en plus, elle est têtue comme une charette de mûles ce qui crée pleins de disputes entre moi et elle où Aurélie est toujours neutre. Delphine est la seule qui joue avec moi ! Je me rappelle toutes les fois où on embêtait amicalement Férielle, où on se tapait dessus en riant, où on se courrait après, où on s'accusait l'une et l'autre en se retenant difficilement de rire quand quelqu'un nous accusait d'un méfait. Quelle complicité !
Adorables amies, vraiment !
Il n'y a qu'elles qui comptent vraiment pour moi au collège...
Dans quelques dizaines de minutes, maman rentrera et ma solitude se terminera. Sous ses regards accusateurs, je me sentirai alors obligée de quitter péniblement ma place devant l'ordinateur pour prendre le livre que je dois lire pour l'école (Germinal) ou j'empoignerai quelques feuilles de papier blanc que je fixerai sans me décider à rédiger enfin mon rapport de stage. Je n'ai pas envie de le faire par paresse et à cause de la certitude qu'il sera trop petit par rapport à ceux des autres. Je n'ai pas à m'en vouloir de ne pas avoir interrogé les pharmaciens sur leur travail : n'étais-je pas malade comme un chien ? N'ai-je pas eu le courage de me traîner jusqu'à eux alors que la veille, j'étais atteinte d'au moins 39 de fièvre ? Et comment veulent-ils ces professeurs que je remplisse comme les autres une vingtaine de pages tapées à l'ordinateur sur une petite entreprise ?
Plus que trois jours avant la rentrée... Je ne veux pas retourner à l'école. C'est vrai que dans ma classe, les gens sont gentils. Mais je me demanderai encore comment être, comme je me demande sur ce journal, comment écrire pour paraître plus "vrai" et toucher les gens. Je devrais plutôt ne pas faire attention à eux, imaginer que personne ne viendra, que personne ne verra, que personne ne lira, malgré cette grosse difficulté. Quand j'écrivais dans mon journal intime sur papier, j'écrivais accompagnée constamment de la crainte que quelqu'un le lirait un jour : je modérais toujours inconsciemment mes paroles. Là, j'ai peur de la façon dont on me percevra après ces lignes... Je ne sais vraiment comment écrire pour avoir une bonne image de moi : une authentique image de moi. Je ne sais que dire. Raconter ma journée ? C'est d'un répétitif : je suis toujours chez moi, à finir à toute vitesse Germinal avant la rentrée, à ne pas faire mon dossier de stage, à lire les journaux des autres consciente que ça influencera inévitablement le mien, à rester sur msn à fixer les autres dans l'espoir vain que si je leur parlais les conversations ne tomberont pas mortes comme des mouches, et à tourner ma tête vers la fenêtre.
Hier, il y avait de la neige. Avant, j'étais contente de cette mousse matérielle blanche, j'étais contente grace à tous ceux qui en étaient contents : dans les livres, les personnages s'émerveillaient de cette matière ; à la télé, les enfants jouaient dans la neige ; et dehors, mes camarades se réjouissaient en se lançant des boules de neige. Je voulais être dans le même moule alors j'aimais aussi la neige. Maintenant, je n'aime pas la neige : neige entraîne verglas entraînant chutes. La neige, c'est glacial. Mes mains tremblent rien qu'en la touchant. Sensation désagréable. Malgré son apparence, sa matière n'est pas semblable à du coton que j'exècre d'ailleurs à cause du léger grincement que fait son déchirement : non, ce n'est pas doux du tout : les morceaux s'éboulent, le contact est violent. D'autant plus qu'on tombe malade quand la neige tombe. Certains aiment se batailler avec elle. Pas moi. Je n'aime pas me geler les mains au travers de mes gants par les boules de neige qui sont difficiles à modeler à cause de sa matière et je n'aime pas recevoir sur mon corps le froid intense de la glace qui augmente en fondant sur ma peau chaude. Dieu ! Je ne voudrais pas sortir dehors sous la neige. Rester à l'intérieur à l'observer me suffit !
En plus, la robe blanche qu'a enfilé ma ville éblouit de trop mes yeux. Non, la neige n'est pas pour moi. Je songe surtout aux SDF, et je me demande où logent-ils, où dorment-ils sous ce temps affreux. Dans le métro ? Quel endroit pleins de saletés ! Quand j'étais petite, c'était mon lieu de cauchemar... Grace aux associations ? Il y en si peu par rapport aux clochards !
Je suis bien heureuse que la neige ait fondu car j'ai l'intention de sortir faire un tour à la librairie pour m'acheter un mini porte-vues (pour le rapport de stage) et un journal "le monde" (je tiens tout de même à tenir ma résolution au moins pour quelques mois ! ), et à la bibliothèque rendre des livres que je n'ai même pas lu. En ce moment, je supporte peu les livres enfantins tels que Sigrid ou les orphelins baudelaire... C'est étrange, j'ai eu de la difficulté à lire la huitième couleur de Terry Pratchett (que je n'ai même pas fini d'ailleurs) alors que j'en ai vanté les mérites partout sur msn. Ces mondes sans gravité, faits pour amuser ou pour séduire dans leur originalité m'exaspèrent peu à peu. Aucune gravité, aucune profondeur : je ne parviens pas du tout à m'identifier à eux, malgré l'attachement que j'éprouve pour quelques personnages. Ce n'est qu'une passade. Je vais me remettre à aimer ces livres quand je serai d'humeur plus joyeuse.
Cela m'énerve de lire les journaux des autres, car je m'aperçois que je m'empare parfois de leurs idées, de leurs pensées, de leurs impressions, de leurs goûts pour les mettre dans mon journal. C'est presque du copier-coller... Je devrais arrêter pendant un temps de lire les autres diaristes. Je veux être moi ! Je veux avoir mes idées sans constamment les prendre à côté, dans les livres, dans les films, dans les citations ou autre. Et même si on est tous influencé par les choses autour de soi, je voudrais chercher des choses en moi, sans être tout le temps influencée ! Chercher en moi... Je n'ai pas beaucoup de choses en moi, car je ne suis pas encore construite : à quatorze ans, l'est-on vraiment ? Je suis si jeune, j'ai si peu d'expérience... L'âge n'a pas d'importance : dans mon cas, dans le cas de l'adolescence, si : elle détermine le recul suffisant des choses. Mais malgré cette jeunesse comparé à la vieillesse de tas de gens, j'ai l'impression moi aussi d'être vieille, d'avoir vécu longtemps... C'est parce que j'ai une bonne boite à souvenirs des ans et que je la garde précieusement et que je ne vire pas les souvenirs de la boite.
Bonne année ! Bonne santé ! Tous mes voeux de bonheur ! Plein d'argent ! Etc... etc...
Voilà que mon devoir de souhaiter tout pleins de bonnes choses est fait, revenons à ma trépidante vie à moi.
Je n'ai pas, contrairement à des tas d'autres, fait un réveillon. A minuit, pendant que les voisins gesticulaient bruyamment au dehors, moi, je lisais Germinal sans me soucier de rien, sans même me souvenir que j'étais passée à l'année 2004. Il faut dire que j'étais absorbée par un passage qui m'a plu, qui expliquait la souffrance de Mr Hennebeau, triste, dévoré de désir envers sa femme qu'il n'avait jamais pu prendre, et que tant d'autres avaient possédé : à ce moment où, aux champs-élisées, des feux d'artifice gravissaient les marches du ciel pour ensuite pleuvoir dans une pluie d'étincelles, moi, je partageais la douleur du directeur du Voreux, dans sa découverte de l'adultère répétitif de sa femme avec son propre neveu dans son propre toit. Il y avait une note en bas de la page, qui disait que beaucoup avaient reproché à Emile Zola de conter la vie de Mr Hennebeau. J'ai alors appris que toute cette mise en scène était présente afin de déboucher à cette scène où Emile Zola écrivait ses propres angoissses : il voulait insister sur cette souffrance du désir inasouvie.
J'aime beaucoup ce livre, même si des passages m'agacent furieusement. Ils m'agacent parce que je ne parviens pas à les comprendre. Je ne comprends pas les détails politiques et les auteurs cités qui expriment leurs théories compliqués. Cela m'énerve que de ne pas comprendre quelque chose.
Alors, j'ai pris la bonne résolution cette année de m'informer sur le monde, plutôt que de me terrer davantage dans mon ignorance et de m'enfuir face à tous les problèmes dans mon monde à moi : celui des rêves. On ne peut pas vivre éternellement dans ses rêves...
C'est bien de rêver, c'est chouette. Il faut juste ne pas en abuser : l'élevation de l'esprit dans le rêve est si grande que la chute pourrait en être fatale dès sa fin.
On rêve, on espère de belles choses, on finit par y croire vraiment de toutes ses forces et de toute son âme, et une fois qu'on se rend compte que les résultats escomptés n'aboutissent pas, on est déçu, on se casse les reins... ( Germinal le prouve bien... )
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